J’ai évoqué les plantes sauvages et leur intérêt nutritionnel.
Avant de donner quelques exemples qui illustrent ce propos, je souhaiterais
remettre en cause l’argument de la supériorité des protéines animales.
On parle souvent, lorsque le sujet « végétarisme »
est évoqué, de problèmes de carences, notamment en protéines. Faut-il déjà
savoir de quoi on parle. Que sont les protéines et quel est leur rôle dans l’organisme ?
Je vous épargnerais ce supplice car c’est assez long à expliquer. Ce qu’il faut
savoir, c’est que les protéines sont constituées d’acides aminés - molécules azotées
qui sont en quelque sorte les briques de construction de notre organisme - et que
notre corps n’est pas capable d’en fabriquer un certain nombre de par lui-même.
Il s’agit de l’isoleucine, la leucine, la lysine, la méthionine, la phénylalanine,
la thréonine, le tryptophane et la valine. Ils sont dits « essentiels ».
Bien que les besoins varient (très) fortement d’un individu à l’autre et selon
sa morphologie, son immunité, son stress, etc., on considère que pour que l’organisme
utilise efficacement une protéine, il faut que celle-ci soit « complète »,
c’est-à-dire qu’elle contienne les 8 acides aminés essentiels en proportions à
peu près semblables. Une teneur plus faible en l’un des 8 acides aminés et c’est
toute la protéine qui en pâtit…
On sait que la viande, les laitages et les œufs sont riches
en protéines, et de plus, qu’elles sont équilibrées en acides aminés
essentiels. Ce que l’on se garde bien de nous dire en revanche, c’est que ces
aliments apportent en même temps à l’organisme une quantité importante d’acides
gras saturés, dont l’excès cause des troubles du taux de cholestérol, ainsi que
des purines qui laissent des déchets toxiques dans notre corps.
Par ailleurs, d’un point de vue éthique et écologique, la
production de viande pour notre consommation excessive est un scandale de
gaspillage et de déséquilibre des civilisations. Quelques chiffres pour illustrer
ceci…
·
Il faut 5 kg de protéines végétales directement
utilisables pour l’homme pour produire 1 kg de protéine de lait, d’œuf, ou de
viande blanche.
·
Il en faut 7 kg pour produire 1 kg de protéines
de viande de porc.
·
Il en faut 17 kg pour 1 kg de viande bovine…
Et quand on sait que les protéines végétales dont il est
question sont produites en majorité dans le Tiers-Monde alors que les produits
animaux sont surtout consommés dans les pays industrialisés, il est aisé de se
rendre compte que ce gaspillage s'accompagne d'un déséquilibre à l'échelle
planétaire. Encore quelques chiffres :
La demande en viande devrait doubler dans les 40 ans qui viennent alors que nous utilisons 70 % de nos capacités agricoles pour la produire...
La demande en viande devrait doubler dans les 40 ans qui viennent alors que nous utilisons 70 % de nos capacités agricoles pour la produire...
On voit doucement se dessiner le lien avec les végétariens. Alors,
comment procèdent-ils ? Le végétarisme n’est pas une mode occidentale, et
loin de moi l’idée d’en faire une publicité, j’apprécie beaucoup la viande (en
quantité raisonnable, et de bonne qualité). Je ne fais qu’exposer des faits.
Non, il s’agit de regarder au-delà de nos frontières et dans le temps voir
comment nos voisins et aïeux procédaient et procèdent encore aujourd’hui sans
viande.
La plupart des civilisations se sont édifiées avec l’apparition
de l’agriculture au Néolithique grâce à l’utilisation des céréales et des
légumineuse, sources d’énergie et facilement stockable. C’est là que résonne le
son de cloche des diététiciens alors même que de nombreuses personnes ont
retrouvé cette alimentation ancestrale. On les met en garde contre d’éventuelles
carences en protéines. En théorie, ils n’ont pas tort ! En effet, les
céréales sont assez bien pourvues en protéines (8 à 18 %), mais sont
déficientes en lysine. Les légumineuses, elles aussi, regorgent de protéines
(20 à 40 %) mais sont également déficientes non pas en lysine, mais en méthionine.
La carence en protéine est donc possible, sur le simple
constat du déséquilibre en acides aminés essentiels des protéines des céréales
et des légumineuses… consommées à part ! Car il a toujours été
traditionnel de consommer ensemble céréales et légumineuses : riz
et soja en Extrême-Orient ; blé et lentilles en Inde ; blé et
lentilles, pois-chiches ou fèves au Moyen-Orient, maïs et haricot en Amérique
Centrale, etc. La lysine des légumineuses permet de combler le manque de lysine
des céréales, et vis-versa avec la méthionine.
Quel rapport avec les plantes sauvages et leur intérêt
nutritionnel ? Patience, il s’agissait de présenter les protéines dans
notre alimentation pour parler à présent des protéines vertes !
Protéines vertes sous-entend légumes verts. Et à bien
regarder notre alimentation quotidienne, généralement pauvres en légumes verts,
on se demande l’intérêt de ces protéines tant la teneur doit être faible
(surtout nos légumes verts industriels forcés à l’engrais et arrosés à l’excès).
C’est là que les plantes sauvages interviennent. Car l’étude mettant en avant la
présence de protéines vertes ne date pas d’hier ! (M. Rouelle, chimiste,
1733). Mais les choses ont pris une tournure intéressante depuis les années 60,
quand des équipes de chercheurs des USA, de France et de Grande-Bretagne se
sont intéressées aux protéines foliaires (protéines des feuilles vertes) pour
se substituer des tourteaux de soja dans l’alimentation du bétail, ces derniers
étant moins rentables et les bêtes carencées en protéines. Les résultats sont
édifiants. Je cite les travaux du professeur Costes, de l’Institut National
Agronomique :
« […] pour les acides aminés essentiels, on s’aperçoit
que l’on n’a pas de carence en l’un des acides aminés dans l’ensemble des
protéines foliaires […] les plantes vertes sont de plus de véritables pilules
vitaminiques […] ». C’est un constat extraordinaire ! Je continue la
citation : « […] le troisième avantage réside dans le caractère
fonctionnel de ces protéines. La feuille est un organe capteur d’énergie,
fixateur de CO2 et la plupart de ces protéines ont une fonction catalytique
précise ; ainsi, elle s’oppose aux protéines de réserve trouvées dans les
graines des céréales et des légumineuses, qui ont une fonction différée. Au
contraire, dans les feuilles, ce sont des protéines qui ont une fonction
physiologique et biochimique immédiate […] ». Et pour finir, une
invitation à la cueillette : « […] le quatrième avantage est qu’elles
(les protéines vertes) sont présentes dans les feuilles, organes aériens
faciles à ramasser […] de plus, très souvent, les végétaux producteurs sont pérennes,
ce qui représente une grosse économie d’énergie par rapport aux plantes
annuelles, qui doivent être semées chaque année sur un terrain labouré ».
MAIS QUE DEMANDE LE PEUPLE !
Venons-en maintenant à l’intérêt nutritionnel, en chiffres, des
plantes sauvages, par rapport à nos aliments de tous les jours :
·
L’ortie séchée contient 40 % de protéines
équilibrées en acides aminés essentiels contre 20 % dans la viande !
·
100gr de feuilles d’amarante ou de chénopode
contiennent environ 800 mg de calcium, autant que dans le fromage, 6 fois plus
que dans le lait de vache !
·
100 gr de fruits séchés d’épine-vinette
contiennent 20 mg de fer, soit 2,5 fois plus que dans le foie et 10 fois plus
que dans la viande bovine !
·
100 gr de cynorrhodon (fruit de l’églantier)
contiennent 1350 mg de vitamine C, soit .27 fois plus que dans l’orange !
Source :
guide nutritionnel des plantes sauvages et cultivées (F. Couplan)
Pourquoi diable les plantes sauvages ne font plus partie de
notre culture ? Quel a été le frein à la suite de la découverte de M. Costes ?
A chacun de se faire une idée. La mienne serait de dire que l’argent et le
pouvoir y sont pour quelque chose…
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