Citons une nouvelle fois Paracelse : « Toutes les choses sont
poison, et rien n’est sans poison ; seule la dose fait qu’une chose n’est pas
un poison »
C’est vrai ! Tout est poison. Prenez de l’eau, aussi
pure soit-elle, et buvez-en 5 litres d’un coup (bonne chance) et… rendez-vous
au Père Lachaise… (si on boit de l’eau vraiment pure – c'est-à-dire seulement H2O,
sans minéraux, il va falloir moins de 5 litres !).
On vit dans l’angoisse (ou le déni) des produits toxiques et
on occulte tout le reste. L’oxygène, par définition, est toxique ! C’est à
cause de lui que les cellules s’oxydent et qu’avec le temps, on meurt. Le temps
est donc toxique aussi alors. Et que dire de ceux qui s’empoisonnent la vie au
travail, à la maison, avec le stress, les problèmes personnels, etc. ?
TOUT est question de dose, et souvent de bon sens. Jadis, on
utilisait les plantes les plus toxiques de notre flore à des fins médicinales.
On le fait aujourd’hui encore avec l’homéopathie ou en allopathie.
Les meilleures plantes sauvages comestibles pourraient
s’avérer dangereuses si elles étaient consommées en très grande quantité, à
haute dose. De même que nos aliments de la vie courante : par exemple, consommés
en trop grandes quantités, les épinards s’avèrent toxiques pour les reins, car
leur cuisson libère des oxalates dont les cristaux peuvent précipiter dans les
tubes rénaux.
Mais ouvrons plus large. Beaucoup plus large. Par exemple, si
la terre ne possédait pas son atmosphère, outre l’air que nous respirons qui
nous manquerait, nous serions bombardés de rayonnements solaires, nucléaires et
électromagnétiques en tout genre ! En fait, la notion de toxicité est
complexe. Elle dépend de nombreux facteurs : l’élément dit toxique
(principe toxique d’une plante, venin, métaux lourds, facteurs psychologiques,
etc.), l’élément dit intoxiqué (l’homme, une bactérie, un organe, la planète,
l’esprit, etc.) et l’expression de cette toxicité (dose, concentration, durée
d’exposition, période de latence, mode d’absorption, synergie, etc.). Or, nous
percevons cette toxicité de manière différente, voire contradictoire selon les
origines culturelles, nos représentations du monde et nos émotions (une plante
considérée comme une panacée dans une région donnée peut être vue comme le pire
poison dans la vallée voisine !).
Aussi, il serait autant dangereux d’idéaliser (à notre
image) le monde, la Nature, les animaux, les plantes, etc. que de les voir
obscurs. Ce paradoxe d’extrémisme des deux extrêmes qu’est le monde
(au sens large) nous dépasse et il convient d’en être conscient, pour éviter de
tendre vers l’un ou l’autre, d’observer une certaine forme de relativisme, de
sagesse. Plus généralement, il faudrait éviter de considérer toute
chose comme blanc ou noir et d’exiger de soi-même l’intégration d’une part de
mystère entre ces deux "bornes".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire