lundi 14 janvier 2013

Dans le vif du sujet, les plantes sauvages comestibles



Quel est le lien entre gastronomie, partage, bien être et nous les hommes ? Les plantes sauvages, naturellement ! Autrefois source principale de nourriture, puis tombées dans l'oubli vers la fin du Moyen-Age, elles reviennent aujourd'hui sur le devant de la scène.

Le genre Homo est apparu il y a environ 3 millions d'années et, pendant 2 990 000 ans, il s'est essentiellement nourri de plantes sauvages. L'image de nos ancêtres vêtus de peaux de bêtes et consommant la viande chassée en grande quantité a été quelque peu faussée. L'homme a besoin de manger des végétaux, c'est physiologique. Et même si la part des végétaux s'est amoindrie avec le temps, ils sont toujours présents.

Evolution du régime alimentaire des hominidés depuis la préhistoire

C'est avec l’avènement de la culture des plantes et la domestication des animaux que l'on voit décroître la part des plantes sauvages dans l'alimentation humaine.
Toutefois, et malgré les clivages entre les classes bourgeoises et paysannes, l'une se nourrissant de produits dits "valorisants", souvent issus d'expéditions lointaines et onéreuses, l'autre rendue à se nourrir de "racines" et autres "mauvaises herbes", les traditions liées aux usages des plantes ont plus ou moins bien traversé les âges. Comment la cueillette et ses traditions séculaires ont-elles pu résister face aux effets conjugués de la conquête du pouvoir par acquisition des richesses et  du développement récent de l'industrie agroalimentaire ?
Heureusement, quelques "illuminés", comme le poète Horace - qui gardait plutôt la tête froide par rapport aux modes décadentes des riches Romains de l'époque - qui préférait les légumes cueillis dans la nature aux mets raffinés des patriciens, ont su déceler les milles vertus des plantes sauvages. Nourriture du corps et de l'esprit, elles répondent non seulement à nos besoins fondamentaux (se nourrir, se chauffer, se vêtir, se soigner, etc.), mais aussi certains de nos besoins culturels.

Pour notre corps, elles sont une incroyable source de nutriments ! Grâce aux nouvelles technologies, on peut aujourd'hui en connaître précisément la teneur. 3 fois plus de calcium dans le pissenlit que dans le lait de vache, autant de fer dans la menthe sylvestre que dans le foie, 30 fois plus de vitamine C dans le cynorhodon que dans l'orange, 40% de protéines équilibrées en acides aminés(1) dans l'ortie contre une vingtaine dans les meilleures viandes : de quoi tordre le cou à certaines idées reçues largement véhiculées par nos chers média, et pourquoi pas enrayer les problèmes de malnutrition dans le monde (cf. article malnutrition).

Les plantes sauvages regorgent également de principes actifs médicinaux. Même les plus toxiques s'avèrent, à dose homéopathique, des alliées de taille face à certaines maladies (on emploie par exemple l'aconit comme sédatif des névralgies faciales, des tics douloureux et de la toux. A faibles doses, elle agit aussi sur l'enrouement des chanteurs). Hippocrate le savait déjà : "que ton aliment soit ton médicament" résonne encore dans toutes les têtes. On privilégiera donc la prévention : "mieux vaut prévenir que guérir !" Mais attention ! Il est hors de question d’utiliser les plantes toxiques en automédication : la limite entre effet médicinal positif et toxicité, voire mort est plus que ténue !

Source de bien être, de liberté, de partage, etc., les plantes sauvages sont une aubaine. Elles nous permettent, à condition de s'y intéresser, de prendre conscience de l'ampleur de notre impact sur l'environnement, de nous rendre compte à quel point nous scions la branche sur laquelle nous sommes assis. Miroir des cultures, elles sont un patrimoine en péril avec lequel il nous faudra, tôt ou tard et au gré des crises énergétiques, sociales, politiques ou économiques futures, renouer. Nous ne pouvons et ne devons plus continuer à développer nos besoins sur ces modèles. "Le changement, c'est maintenant !", comme dirait l'autre...

(1)   les plantes vertes sont capables de fabriquer des acides aminés à partir d’éléments qu’elles puisent dans le sol et du CO2 atmosphérique. La plante les combine ensuite entre eux pour former des différentes protéines. Les animaux par contre sont incapables d’effectuer la synthèse du groupe aminé caractéristique de tous les acides aminés. Ils peuvent néanmoins déplacer ce groupe aminé pour le placer sur une autre substance de l’organisme afin de fabriquer un acide aminé différent. Chez l’homme, seuls huit acides aminés échappent à cette synthèse et doivent donc être apportés tels quels par l’alimentation. On les nomme "acides aminés essentiels". Si les huit acides aminés essentiels sont présents dans un aliment en proportions à peu près semblables, on dit que la protéines est équilibrée en acides aminés car notre corps peut l’utiliser efficacement. (voir aussi l'article : les sacro-saintes protéines)

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